Zoom sur : Le programme de recherche BAUM, investiguer le lien entre formes urbaines et accueil de la biodiversité en ville

Thursday 11 September 2025
photographie paysage urbain
A. Bouissou - Terra

À l’heure de la sobriété foncière, comment penser l’aménagement de la ville, au niveau du bâti et du quartier, pour offrir une meilleure capacité d’accueil à la faune et à la flore ? Les 6 projets de recherche menés entre 2020 et 2024 au sein du programme BAUM (Biodiversité, aménagement urbain et morphologie), expérimentant différentes approches territorialisées, interrogent le lien entre formes urbaines et capacité d’accueil de la biodiversité.

Porté depuis 2020 pendant 4 ans par le Plan urbanisme construction architecture (PUCA), en partenariat avec l’Office français de la biodiversité (OFB) et la Direction générale de l’aménagement, du logement et de la nature, le programme de recherche BAUM a soutenu six projets menés dans différentes villes françaises. Les projets retenus explorent des entrées spécifiques sur la configuration des formes urbaines et la biodiversité : les rues, les tissus bâtis, les quartiers de gares, les sols, les végétaux, les oiseaux, les pollinisateurs… permettant d’aboutir à des résultats complémentaires sur leur possible conciliation. Ces différents projets intègrent de près ou de loin les enjeux liés à la Trame verte et bleue.

Projet TRAM'BIOSOL

Le projet TRAM’BIOSOL, mené à Palaiseau, propose de faire émerger une trame brune sur le territoire étudié. L’objectif est d’identifier dans quelle mesure la faune du sol est influencée par la morphologie urbaine. Les travaux effectués sont basés sur la distribution des communautés lombriciennes selon l’histoire des quartiers et de leurs infrastructures, ainsi que sur l’évolution des fonctions biologiques des sols. L’étude révèle que, plus que les formes urbaines, c’est le couple de paramètres « habitabilité du sol » (de par sa fonctionnalité écologique) et « continuité écologique » qui constitue un facteur clé pour ces communautés. 

Projet BioReV-Aix

À Aix-en-Provence, le projet BioReV-Aix s’intéresse à la trame viaire comme potentiel corridor écologique. À travers l’analyse morphologique de plus de 5 000 tronçons de voirie, les chercheurs ont étudié comment les pieds d’arbres, selon le type de tissu urbain (collectif, pavillonnaire, composite…), peuvent participer à la dispersion de la biodiversité. L’étude s’est penchée sur les communautés végétales et la richesse spécifique de gastéropodes recensées dans ces espaces. La richesse et l’abondance des espèces faunistiques serait significativement plus élevée dans les espaces pavillonnaires et composites que dans les espaces collectifs.

Projet MorphobioT

Le projet MorphobioT, mené à Toulouse, explore la notion de « forme bâti-végétal », c’est à dire l’articulation entre les formes du bâti, les formes végétales et la capacité d’accueil de l’avifaune. Il met en évidence le rôle parfois insoupçonné de certains tissus urbains, comme les grands ensembles, comme réservoirs potentiels de biodiversité et zone d’accueil de l’avifaune, sous réserve d’une gestion adaptée. 

Projet Evolville

Le projet Evolville, à Strasbourg, propose d’évaluer la réponse adaptative des végétaux aux pressions rencontrées dans différents contextes de densification urbaine et de gestion. Cette approche, qui mobilise une démarche temporelle, a pour objectif de comparer la richesse spécifique des espaces et d’analyser les mécanismes de réponse des plantes aux conditions environnementales, entre extinction locale (recomposition des communautés), plasticité (modifications réversibles et non transmises à la descendance) et adaptation (modifications génétiquement fixées).

Projet Réaumur

Avec le projet Réaumur, mené à Dijon, la recherche se penche sur les insectes pollinisateurs et leur interaction avec la flore locale. Les résultats montrent que les formes urbaines à densité intermédiaire (pavillonnaire ou composite), offrant davantage de surfaces herbacées continues, favorisent ces communautés et leurs dynamiques écologiques.

Projet Frugacité

Enfin, le projet Frugacité, conduit autour de la ligne N du Transilien en Île-de-France, explore les capacités d’accueil de la biodiversité des quartiers de gare et des espaces de transport à fortes contraintes techniques. Il étudie ainsi les interactions entre les formes urbaines, les dynamiques propres à ces quartiers et la biodiversité, dans la perspective du développement d’un outil d’aide à la décision pour la programmation et la conception architecturale de ces quartiers.

 

Au croisement de l’écologie, l’urbanisme, la géographie ou encore l’architecture, le programme BAUM permet d’engager le dialogue entre les acteurs de l’urbanisme et de l’environnement. Les projets retenus dans le cadre de ce programme se distinguent par la diversité de leur thème de recherche, de leur hypothèse et des méthodes employées, permettant de traiter un large panel d’espaces, d’échelles et d’enjeux liés à l’aménagement urbain. Ils mettent aussi en lumière la nécessité de poursuivre la recherche sur la biodiversité urbaine, composante essentielle de l’habitabilité de nos territoires.   

Pour en savoir plus : 

consulter la publication Rencontres de l'OFB 

L'ensemble des publications du programme, dont les cahiers de recherche TRAM'BIOSOL, Evolville et Réaumur, sont accessibles en ligne : 

Cahier de recherche du projet TRAM'BIOSOL 

Cahier de recherche du projet Evolville

Cahier de recherche du projet Réaumur 

Accéder à l'ensemble des publications du PUCA